mercredi 24 mars 2010

PREFACE

Mes souvenirs de pensionnaire n’ont rien d’exceptionnels, à cette époque les pensions sont toutes les mêmes, mais voilà Callenelle, c’est Callenelle, c’est ma pension, et pas seulement la mienne, celle des religieuses et des élèves qui y sont passées.

Pour y avoir séjourné 13 années, je me sens capable d’en retracer la vie, de 1950 à 1963, une histoire vieille, toute ridée et désuète, mais elle est, à mes yeux, surprenante, navrante et attachante ; je dois le dire, j’ai la mémoire bousculée par le bataillon de souvenirs qui se disputent : « J’étais là avant toi, tu m’as oublié, c’est pas comme çà, tu confonds, tu en rajoutes… », j'ai le cœur malmené à la fois par des sentiments qui se mélangent confusément, et par des doutes issus de cette éducation, elle-même issue d’un autre âge.

Quel devoir difficile, je souhaite être drôle sans choquer, expressive sans aller dans l’excès, minutieuse sans tomber dans l’ennui, sincère et fidèle, autant que faire se peut dans un domaine aussi incertain que celui des mémoires d'enfance. Les temps, les mœurs ont bien changé mais nous sommes ce que nos aînés ont fait de nous ; je veux leur rendre hommage et le transmettre.

Dernier mot : A la chapelle Mme Ste Claire, ou plutôt, Sœur Ste Claire nous faisait prier pour notre futur mari, qu’il soit pourvu des plus belles qualités. L’enjeu en valait la peine, j’ai été très fervente, ça oui, et récompensée : sa patience est exemplaire, délaissé qu’il est par mes absences et par mes rêves dans cet ailleurs lointain.