mercredi 24 mars 2010

CHAPITRE IV

Le douloureux réveil

Sept heures moins cinq déjà ? … pas possible! les nuits passent trop vite!
Un vibrant « Benedicamus Domino ! » interrompt brutalement et sans ménagement notre sommeil.
Quelques voix répondent mollement : « Deo Gratias ! »
« Plus fort, je n’ai pas entendu » crie la religieuse en tirant sur la sangle des persiennes qui s’enroulent dans un vacarme détestable.
« Deo Gratias ! » reprend-on sans beaucoup de conviction suivi du sempiternel « Madame (ou ma sœur) nous vous souhaitons le bonjour !».
Dehors la cloche de la Chapelle sonne trois petits coups… puis trois petits coups… puis encore trois petits coups… et ensuite à toute volée, c’est bien sûr l’Angélus. La religieuse répond :
« Bonjour mes enfants. L’ange du Seigneur a annoncé à Marie qu’elle serait la mère du Sauveur ».
Nous : « Et elle a accouché selon l’opération du Saint-Esprit » Le latin est beaucoup plus rapide : « Et concepit de Spiritu sancto » 5 mots seulement !
Elle « Je vous salue Marie... » et ainsi de suite.
Pour mémoire ou information, l’angélus est une prière qui se récite trois fois par jour. Elle se compose de trois versets entre lesquels on récite un « Je vous salue Marie. », donc trois, suivis d’une oraison. C’est ainsi que tous les matins nous sommes vertueusement réveillées.
On s’active, on ne traîne pas, on ouvre son lit en grand, on fait sa toilette, on s’habille, on refait son lit, on vide si nécessaire le pot de chambre, et pour faciliter le ménage, on retourne son tabouret sur le lit et on roule sa carpette, (moi je n’en ai pas, mais un jour mon frère aîné nous en rapportera une d’Algérie où il fait la guerre, à Anne et à moi, une magnifique rouge brillante avec des chameaux, qu’est-ce qu’on l’aime notre frère, et sa carpette !) on plie sa chemise de nuit dans sa pochette, on embrasse en hâte notre poupée, lui recommandant d’être bien sage.
La religieuse tape dans ses mains. C’est le signal pour se mettre en rangs par ordre de taille, les plus petites devant, le béret sur la tête. Les rangs ne doivent pas se desserrer. On s’arrête à chaque porte. On ne repart qu’au claquement de mains. En avant pour la messe.